Je dis maintenant que toutes les paroles qui vont être prononcées vont se fixer dans mon cerveau, s'y imprimer, s'y graver, s'y incruster, qu'il faut qu'elles y restent toujours fixées, imprimées, incrustées, et que sans que je le veuille, sans même que je le sache, d'une façon tout à fait inconsciente de ma part, mon organisme et moi-même devront y obéir.
Tous les jours, trois fois par jour, le matin, à midi, le soir, à l'heure des repas, j’aurai faim, c'est-à-dire que j’éprouverai cette sensation agréable qui fait penser et dire : Oh! que je mangerais donc avec plaisir ! » je mangerai en effet avec plaisir et grand plaisir, sans toutefois trop manger. Mais j’aurai soin de mastiquer longuement mes aliments de façon à les transformer en une espèce de pâte molle que j’avalerai. Dans ces conditions, je digèrerai bien et je ne ressentirai, ni dans l'estomac, ni dans l'intestin, aucune gêne, aucun malaise, aucune douleur, de quelque nature que ce soit. L'assimilation se fera bien et mon organisme profitera de tous mes aliments pour en faire du sang, du muscle, de la force, de l'énergie, de la vie, en un mot.
Puisque j’aurai bien digéré, la fonction d'excrétion s'accomplira normalement et, tous les matins, en me levant, j’éprouverai le besoin d'évacuer et, sans avoir jamais besoin d'employer aucun médicament, de recourir à un artifice quel qu'il soit, j’obtiendrai un résultat normal et satisfaisant.
De plus, toutes les nuits, à partir du moment où je désirerai m’endormir jusqu'au moment où je désirerai m’éveiller le lendemain matin, je dormirai d'un sommeil profond, calme, tranquille, pendant lequel je n’aurai pas de cauchemars, et au sortir duquel je serai tout à fait bien portante, tout à fait gaie, tout à fait dispos.
D'un autre côté, s'il m’arrive quelquefois d'être triste, d'être sombre, de me faire de l'ennui, de broyer du noir, à partir de maintenant il n'en sera plus ainsi et au lieu d'être triste, sombre, au lieu de me faire du chagrin, de l'ennui, de broyer du noir je serai gaie, bien gaie, gaie sans raison, c'est possible, mais gaie tout de même comme il pouvait m’arriver d'être triste sans raison; je dirai plus : même si j’avais des raisons vraies, des raisons réelles de me faire de l'ennui et du chagrin, je ne m’en ferai pas.
S'il m’arrive aussi parfois d'avoir des mouvements d'impatience ou de colère, ces mouvements, je ne les aurai plus; je serai, au contraire, toujours patiente, toujours maître de moi-même, et les choses qui m’ennuyaient, m’agaçaient, m’irritaient, me laisseront dorénavant absolument indifférente et calme, très calme.
Si quelquefois je suis assaillie, poursuivie, hantée par des idées mauvaises et malsaines pour moi, par des craintes, des frayeurs, des phobies, des tentations, des rancunes, j'entends que tout cela s'éloigne peu à peu des yeux de mon imagination et semble se fondre, se perdre comme dans un nuage lointain où tout doit finir par disparaître complètement. Comme un songe s'évanouit au réveil, ainsi disparaîtront toutes ces vaines images.
J'ajoute que tous mes organes fonctionnent bien; le cœur bat normalement et la circulation du sang s'effectue comme elle doit s'effectuer; les poumons fonctionnent bien; l'estomac, l'intestin, le foie, la vésicule biliaire, les reins, la vessie, remplissent normalement leurs fonctions. Si l'un d'entre eux fonctionne actuellement d'une façon anormale, cette anomalie disparaît un peu chaque jour, de telle sorte que, dans un temps peu éloigné, elle aura disparu complètement, et cet organe aura repris sa fonction normale.
De plus, s'il existe quelques lésions dans l'un d'eux, ces lésions se cicatrisent de jour en jour, et elles seront rapidement guéries.
J'ajoute encore ceci, et c'est une chose extrêmement importante; si jusqu'à présent, j’ai vis-à-vis de moi-même une certaine défiance, je dis que cette défiance disparaît peu à peu pour faire place, au contraire, à de la confiance en moi-même, basée sur cette force d'une puissance incalculable qui est en chacun de nous. Et cette confiance est une chose absolument indispensable à tout être humain. Sans confiance en soi, on n'arrive jamais à rien, avec de la confiance en soi, on peut arriver à tout (dans le domaine des choses raisonnables, bien entendu). Je prends donc confiance en moi et la confiance me donne la certitude que je suis capable de faire non seulement bien, mais même très bien, toutes les choses que je désire faire, à la condition qu'elles soient raisonnables, toutes les choses aussi qu'il est de mon devoir de faire.
Donc, lorsque je désire faire quelque chose de raisonnable, lorsque j’ai à faire une chose qu'il est de mon devoir de faire, je pense toujours que cette chose est facile. Que les mots : difficile, impossible, je ne peux pas, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de… disparaissent de mon vocabulaire : ils ne sont pas français. Ce qui est français, c'est : c'est facile et je peux. Considérant cette chose comme facile, elle le devient pour moi, alors qu'elle semblerait difficile aux autres, et cette chose, je la fait vite, je la fait bien, je la fait aussi sans fatigue, parce que je la fait sans effort. Tandis que, si je l'avais considérée comme difficile ou impossible, elle le serait devenue pour moi, tout simplement parce que je l’aurais considérée comme telle. »
En somme, j'entends que, à tous points de vue, tant au point de vue physique qu'au point de vue moral, je jouisse d'une excellente santé, d'une santé meilleure que celle dont j’ai pu jouir jusqu'à présent.
